BRUYÈRE

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BRUYÈRE

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À peu près passées sous silence par les médecins de l’Antiquité (qui citaient surtout les Erica méditerranéens), les bruyères furent, à la Renaissance, jugées capables de fragmenter et de chasser les calculs urinaires. Rarement citée diurétique, «ophtalmique» aux XVIIe et XVIIIe siècles, la bruyère intéresse davantage les phytothérapeutes du XIXe siècle et surtout de la première moitié du nôtre, quand l’expérience et l’analyse chimiques en montrent le réel pouvoir. De nos jours, elle paraît à peu près oubliée.

Comme sa parente la busserole montagnarde, autre médicinale méconnue, la bruyère renferme un glucoside, l’arbutine, qui se dédouble dans l’organisme en sucre et en hydroquinone, diphénol à action antiseptique. Avec en outre des tanins (astringents), un principe amer, des acides organiques, des traces d’essence aromatique, la plante est un désinfectant efficace des voies urinaires et un diurétique à effet rapide et puissant. Elle est indiquée dans la cystite, la colibacillose urinaire, l’hypertrophie de la prostate, la blennorragie. Tout en purifiant le milieu urinaire, elle a un effet sédatif dans les syndromes à miction douloureuse. Elle peut être employée aussi dans les coliques néphrétiques et, en cures prolongées, contre les rhumatismes.

Décoction: 30 grammes de sommités fleuries par litre d’eau; bouillir jusqu’à réduction d’un tiers. À boire dans la journée ou, en cure, prendre deux tasses par jour entre les repas.

La bruyère callune est tinctoriale: dans un bain prolongé de ses rameaux, la laine prend la couleur brun noisette. Donne un jaune avec de l’alun, un noir avec du sulfate de fer. Les fleurs, très mellifères, fournissent un miel sombre et corsé. Dans le Midi, on a fait jadis une huile cosmétique en faisant macérer dans l’huile d’olive les fleurs fraîches d’une bruyère vraie (bruyère arborescente, entre autres).

bruyère [ bryjɛr; brɥijɛr ] n. f.
XIIe; lat. pop. °brucaria, du bas lat. brucus, gaul. °bruko
1Arbrisseau des landes (éricacées) à tiges rameuses, à floraison tardive variant du blanc au pourpre.
Racine de cette plante. Une pipe de bruyère.
2Lieu où pousse la bruyère. 1. brande, lande. « je m'égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts » (Chateaubriand). Terre de bruyère : terre légère formée notamment par la décomposition des bruyères. — Coq de bruyère.

bruyère nom féminin (gaulois bruco) Sous-arbrisseau des sols acides (landes, clairières, sous-bois clairs), très ligneux, aux feuilles minuscules, aux petites fleurs pendantes en forme de grelot, qui couvre d'immenses étendues en Bretagne et dans le Massif central. (L'espèce la plus commune est la bruyère cendrée ; on taille des pipes dans le bois rouge de la bruyère en arbre ;la callune, plante d'un genre voisin, est usuellement nommée « bruyère ».) Lande où poussent des bruyères. ● bruyère (citations) nom féminin (gaulois bruco) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. […] Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe, Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. Les Contemplations, Demain à l'aube, IV, 14 bruyère (expressions) nom féminin (gaulois bruco) Terre de bruyère, mélange de sable siliceux et de débris organiques de bruyère partiellement décomposés. ● bruyère (synonymes) nom féminin (gaulois bruco) Lande où poussent des bruyères.
Synonymes :

bruyère
n. f.
d1./d Sous-arbrisseau (Fam. éricacées), à fleurs violacées, poussant sur des landes ou dans des sous-bois siliceux. (Diverses espèces arborescentes ont des racines qui servent à la confection des pipes.)
d2./d Lieu où poussent les bruyères.
d3./d ORNITH Coq de bruyère: tétras.

⇒BRUYÈRE, subst. fém.
A.— Plante ligneuse à petites fleurs violettes ou roses, de la famille des éricacées, qui croît sur les terrains siliceux. Champ, feu de bruyères; balais, pipes en bois, en racine de bruyère :
1. Avant de pénétrer dans le village j'ai traversé des wastes : ce mot s'est trouvé au bout de mon crayon; il appartenait à notre ancienne langue franke : il peint mieux l'aspect d'un pays désolé que le mot lande, qui signifie terre. Pauvre enfant de la Bretagne les wastes de Weissenstadt me plaisaient : les bruyères sont mon nid et mes moissons; leur fleur d'indigence et de solitude est la seule qui ne soit pas fanée à la boutonnière de mon habit.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 289.
2. Les chapelles dont je viens de parler sont toujours solitaires, isolées dans des landes, au milieu des rochers ou dans des terrains vagues tout à fait déserts. Le vent courant sur les bruyères, gémissant dans les genêts, me causait de folles terreurs.
RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, p. 82.
3. J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends.
APOLLINAIRE, Alcools, 1913, p. 85.
B.— P. méton. Lieu où pousse la bruyère (cf. brande, lande). La bruyère de Macbeth; les bruyères bretonnes. Une bruyère parfumée et fleurie, bourdonnant de mille bruits dans la chaleur (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 261) :
4. Le soir approchait, le soleil déclinait, le ciel était magnifique. Je regardais les collines du bout de la plaine, qu'une immense bruyère violette recouvrait à moitié comme un camail d'évêque.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 28.
Coq de bruyère.
En partic. Terre de bruyère. Mélange de sable et de débris organiques, (racines, feuilles, fleurs, etc.) utilisé pour la culture des plantes calcifuges. Ce terreau acide, humus incomplètement formé, qu'on appelle terre de bruyère (VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 279).
PRONONC. :[]. [] dans PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1930.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1174 « terre en friche où poussent des bruyères » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, Paris, 1936, vers 6090); 2. ca 1180 bruyère « plante » (LAMBERT LE TORT, A. DE BERNAY, Alexandre, 442, 5 dans T.-L. : La lance que il porte ne fu pas de bruiere); 1835 terre de bruyère, coq de bruyère (Ac.).
Dér. en -aria de brucus « bruyère » attesté, semble-t-il, une seule fois dans une glose du Xe s. (CGL t. 3, p. 587, 65, v. aussi MEYER-LÜBKE dans Wiener Studien, t. 25, 1903, p. 93); cf. brugaria, Placit., anno 891, t. 6, Gall. christ. inter Instr. col. 170 dans DU CANGE. Brucus serait issu du gaul. bruco, auquel correspondent l'a. irl. froech, le cymrique grug, le cornique grig, le bret. brug (THURNEYSEN, p. 94; DOTTIN, p. 238, 301), toutes formes remontant à un celt. vroikos.
STAT. — Fréq. abs. littér. :749. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 808, b) 1 373; XXe s. : a) 692, b) 489.
BBG. — DELAIGUE (J.). Les N. d'arbres dans la topon. de la Haute-Loire. Almanach de Brioude. 1962, t. 42, pp. 155-156. — DUCH. 1967, § 42. — HUBSCHMID (J.). Bezeichnungen für Erika und andere Sträucher, Gestrüpp und Auswüchse. Vox rom. 1968, t. 27, p. 324. — MILLEPIERRES (F.). N. de fleurs. Vie Lang. 1961, p. 284.

bruyère [bʀyjɛʀ; bʀɥijɛʀ] n. f.
ÉTYM. 1174, au sens 3; du lat. pop. brucaria, du bas lat. brucus « bruyère », p.-ê. d'un gaulois bruko.
1 (1180). Petit arbrisseau des landes (Éricacées) à tige rameuse, à petites fleurs rouge violacé. || Bruyère franche ou cendrée. || Bruyère à balais. || Balai de bruyère. || Bruyère arborescente. || Une lande couverte de genêts et de bruyères.
1 (…) la bruyère aux clochettes mortes qui s'effritent et tombent en poussière aussitôt que nos doigts les effleurent.
M. Genevoix, Forêt voisine, IV, p. 37.
1.1 Des petites bruyères, roses et pâles, se montraient timidement à travers les restes de neige et semblaient sourire à ce peu de chaleur. Le thermomètre remonta enfin au-dessus de zéro.
J. Verne, Un hivernage dans les glaces, p. 328.
tableau Noms d'arbres, arbustes et arbrisseaux.
Hortic. || Terre de bruyère : terre siliceuse formée notamment par la décomposition des bruyères.Ellipt. || Plante de bruyère : plante qui ne pousse bien que dans la terre de bruyère.
2 Cour. Racine de cette plante. || Une pipe de bruyère.
3 (1174). Lieu où pousse la bruyère. Brande, lande. || Une bruyère inculte, sablonneuse.
2 Le jour, je m'égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts.
Chateaubriand, René.
Coq de bruyère. Coq.
DÉR. Bruyéreux.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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